Quels conflits ?
Il existe plusieurs types de conflits, à différentes échelles. Ils sont inhérents à la nature humaine, habituels lorsque plusieurs humains interagissent entre eux.
Tout d’abord les conflits intra-personnels (voir ma note de blog à ce sujet) sont les plus courants dans mon expérience. Ce sont les conflits entre différentes parts de moi, et j’en vis parfois plusieurs par jour. Par exemple cela peut donner : « faire une nouvelle note de blog ou regarder cette vidéo Youtube qui a l’air super intéressante ? »
Ensuite il existe les conflits inter-personnels entre deux personnes, dont je parlerai ici. Ce sont ceux que je suis amenée à rencontrer aussi très couramment dans ma vie.
Plus largement, il existe les conflits intra-groupe (au sein d’un groupe de personnes) et inter-groupe (entre deux groupes ou plus). Ces conflits peuvent mener à la haine d’un autre groupe, à la guerre.
L’apport de la CNV dans les conflits
La Communication NonViolente peut apporter un éclairage aux conflits à toutes ces échelles. Marshall Rosenberg, le créateur de la CNV, est intervenu lors de conflits dans des pays en guerre (Rwanda, conflit israélo-palestinien) et a réalisé des médiations dans des conditions qui m’ont époustouflée (voir son livre « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) »).
Le postulat de la CNV est que le conflit ne peut pas exister entre différents besoins. Le plus souvent, le conflit existe entre les solutions qui sont retenues pour nourrir ces besoins (vous me suivez ?). La CNV permet aux deux parties d’exprimer leurs propres besoins, d’être entendues, et d’écouter les besoins de l’autre. Une fois que cette qualité de connexion est atteinte, alors seulement une solution peut émerger.
Mon attitude face aux conflits
Un jour, j’irai vivre en théorie, parce qu’en théorie, tout se passe bien
Wahou, que c’est beau écrit comme ça ! Mais dans la vraie vie, au quotidien, c’est une autre paire de manches ! En réalité, je n’ai pas toujours un médiateur CNV à portée de main pour faire émerger les besoins de chacun et m’apporter suffisamment d’empathie pour que je sois en mesure d’entendre les besoins de l’autre. J’aimerais bien avoir un petit médiateur de poche, comme ça je serais à l’abri des conflits.
Ma peur des conflits
Personnellement, je me sens mal à l’aise lors de conflits. J’ai peur des conséquences que pourrait avoir une confrontation sur la relation, sur l’image que l’autre a de moi, d’être rejetée par l’autre, ou encore de souffrir des attaques de l’autre. Cela parle de mes besoins d’amour et de sécurité. Ainsi, mes stratégies préférées d’évitement du conflit sont la fuite ou la soumission. J’évite de parler de ce qui est important pour moi et je « prends sur moi ». En conséquence, je finis par en souffrir, par reprocher à l’autre ce que je ressens, et la qualité de la relation s’en trouve dégradée.
L’impact de la découverte de la CNV sur mes relations
Au début, je dois dire que l’impact a été rude… J’étais devenue une « girafe exécrable » (petit surnom sympathique que l’on se donne entre débutants en CNV) malgré moi. Je « balançais » mes besoins à la figure de l’autre, rejetais les critiques ou demandes des autres avec un « c’est ton problème », ou déballais tout ce que je pensais de l’autre en disant « je ».
Après quelques ratés dans ce genre, j’ai suivi le module de formation de base à la CNV avec une formatrice certifiée (module 1), et là j’ai compris… que je n’avais rien compris (voir ma note de blog à ce sujet). Depuis, j’arrive de mieux en mieux à sentir se qui se passe en moi au lieu de rejeter la faute sur les autres, à faire des demandes en lien avec mes besoins et mes relations s’en trouvent réellement apaisées. J’arrive parfois à dialoguer de façon constructive avec les personnes avec qui j’ai été en conflit. Voici l’exemple qui m’a le plus marqué à ce jour.
Un exemple de transformation de conflit
Suite à un désaccord quant à l’accueil d’une participante dans notre groupe de pratique, nous sommes entrées en conflit, moi et la formatrice CNV qui animait le groupe. J’étais pleine de rancœur et de jugements envers elle, d’autant plus qu’il s’agissait d’une formatrice certifiée en CNV. Nous avions essayé de dialoguer une première fois ensemble au sujet de ce conflit, et là mon pire cauchemar s’est réalisé : c’était pire après qu’avant ! Je me suis sentie coupable, puis j’étais en colère contre elle. Comment était-ce possible de ne pas rétablir le lien avec notre expérience mutuelle de la CNV ? Je suis restée près d’un an avec cette colère en moi.
Heureusement, je ne me suis pas découragée pour autant. Après avoir exploré cette situation de différentes façons, c’est finalement en réalisant un jeu de rôle avec ma thérapeute CNV que j’ai pu recevoir suffisamment d’empathie et me sentir apaisée. Je jouais mon propre rôle et ma thérapeute jouait celui de la formatrice. Je me suis alors sentie pleinement accueillie dans ce que je vivais et prête à retourner discuter avec la formatrice.
C’est ainsi qu’un jour j’allais la voir chez elle afin de rediscuter de ce qui s’était passé et de comment je l’avais vécu. C’est alors que la magie se produisit. Nous pûmes échanger à cœur ouvert, s’accueillir mutuellement, pleurer ensemble et se serrer dans les bras. C’était un sentiment de joie très puissant, comme une communion (c’est un besoin en CNV). J’étais même étonnée de voir que les réactions de la formatrice étaient très semblables à celle de ma thérapeute lors de notre jeu de rôle.
Aujourd’hui, cette relation a un goût très particulier. Grâce à ce que nous avons traversé ensemble, je me sens plus proche d’elle et nous avons noué une relation authentique et profonde. Cette formatrice m’a même confié m’accepter en tant qu’assistante dans un de ses stages (ces places sont en général très demandées) grâce à ce que nous avions vécu ensemble.
Ce que j’en retiens
Aujourd’hui, mon attitude face au conflit est plus posée et apaisée. Cependant il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir. En effet je préfère toujours avoir des relations faciles et détendues et je ne me dis pas encore « Oh, chouette, on s’engueule, voilà une belle opportunité de se rapprocher ! ».
Cependant, je vois le potentiel de transformation d’un conflit qui semble nous séparer en premier lieu et qui peut nous rapprocher. Cela demande d’avoir les moyens et si nécessaire le soutien pour exprimer et écouter les besoins de chacun. Je vois aussi qu’au-delà de la résolution, c’est une véritable transformation au service de la relation qui est possible.
Les conflits au service de la paix
Je suis toujours très touchée par les guerres, les actes de violence quels qu’ils soient et par leurs conséquences. Je crois que la paix intérieure et l’écoute de soi que permettent de vivre la CNV sont des clés de la paix dans le monde (voir conférence de Thomas d’Ansembourg ci-dessous). Ma croyance est que si chacun à son échelle essaie de transformer ses conflits, qu’ils soient intra-personnels, inter-personnels voire intra-groupe, nous pouvons contribuer à notre échelle à plus de paix sur cette planète.
Et vous, comment vivez-vous les conflits ? Quel est votre réaction face à un conflit ? Quelles sont vos expérience de transformation des conflits ?
Pour aller plus loin
Si vous voulez creuser le sujet, voici quelques vidéos. Celle de Christophe Vincent est courte et concise, pour celles de Marshall Rosenberg et de Thomas d’Ansembourg vous pouvez vous installer confortablement pour environ une heure.
Super intéressant cet article ! Je comprends que tu aies eu des déboires dans tes premières tentatives de résolution de conflit ! 😄
Il y a des personnes avec qui ça parait tellement dur de les faire parler sur leurs besoins pour aller vers eux… je pense aux personnes qui nous sont les plus proches et donc qui nous touchent plus, quand le conflit perdure depuis longtemps… C’est un encodage à changer comme dit Ansembourg! 😄
Merci Nathalie pour ce partage qui m’a permis de me replonger dans ma propre expérience avec le conflit! je vois que mes stratégies habituelles de fuite ou d’évitement sont encore bien présentes. Et en même temps je me réjouis d’avoir de plus en plus aujourd’hui la conscience sur ce qui se joue en moi, d’avoir les moyens de faire différemment et de saisir cette occasion pour la transformer en rencontre, rencontre avec soi et rencontre avec l’autre. J’aime aussi l’idée d’avoir des personnes ressources, thérapeute, pote d’empathie pour m’aider à démêler, à me connecter à ce qui est vivant en moi et me permettre d’avoir de la disponibilité pour aller à la rencontre de l’autre sans l’image « ennemie ».