Mon enfant a 3 ans. Vous me direz que ça fait un temps de retour d’expérience un peu juste pour faire un bilan de l’impact de la CNV dans son éducation. Cependant, même si mon fils est intrinsèquement formidable (normal), je vois déjà combien la CNV a nourri notre relation et apporté de la sérénité à notre famille.
La découverte de l’éducation bienveillante
Lorsque nous avons appris que nous allions être parents pour la première fois avec mon conjoint en 2015, nous nous disions : « Nous, pour l’éducation, on fera comme nos parents ont fait avec nous, on va pas se prendre la tête ! » MWAHAHAHA, quand je repense à ce doux moment de naïveté, j’en rigole nerveusement.
Car un beau jour d’automne, alors que je suis enceinte, une association voironnaise (Graine d’enthousiasme – lien) a projeté un film près de chez nous qui traite de l’interdiction des châtiments corporels en Suède et qui s’intitule « Si j’aurais su, je serais né en Suède ».
Et là, je me suis dit : « Ah bon, on n’est pas obligé de donner des fessées pour éduquer un enfant ? En fait, c’est vrai que j’ai eu mal quand j’ai reçu des fessées et des claques quand j’étais petite, et moi qui croyais que c’était pour mon bien ! »
A partir de là, je me suis mise à dévorer livres, vidéos et tous documents sur l’éducation bienveillante et le maternage proximal. Et sur la CNV.
Qu’est-ce que la CNV m’apporte dans mon rôle de parent ?
Ce n’est qu’en 2017, après les 1 ans de mon fils, que j’ai suivi mon premier stage de CNV, parce que l’apprendre dans les livres, ben ça a ses limites (voir le récit de mon premier module – lien). C’était pour moi la découverte que non seulement j’avais le droit d’éprouver des sentiments, mais qu’en plus ils étaient un précieux indicateur de ce qui compte pour moi, mes besoins.
Ainsi maintenant, je prends de plus en plus conscience de mes besoins, et ma posture est plus ancrée. Je prends mieux soin de moi, et je suis en conséquence plus détendue et disponible pour mon fils. Ça vend du rêve, non ?
Concrètement, comment je vis la CNV avec mon enfant de 3 ans ?
Préambule
Avant tout, je trouve les connaissances modernes sur le fonctionnement du cerveau de l’enfant très éclairantes. Elles me permettent de mieux comprendre les réactions de mon enfant en fonction de son âge et d’y répondre de manière ajustée. Pour en savoir plus, je vous invite à aller voir les ouvrages et vidéos d’Isabelle Filliozat (entre autres) sur le sujet .
De plus, il faut savoir que la plupart du temps, je formule des exigences à mon fils, ce qui du coup ne relève pas de la CNV. En effet, en CNV, on peut formuler une demande (voir qu’est-ce que la CNV), et on est alors prêt à recevoir un « non ». Dans la vie de tous les jours, pour les tâches quotidiennes principalement (déshabillage, lavage de dents, de mains, aller à l’école…), je formule des exigences qui ne laissent pas la place à la discussion. Cela permet de gagner en temps et en efficacité, et ça me va. Pour moi, il est important d’avoir conscience que si mon intention est d’obtenir quelque chose de précis de lui alors je n’utilise pas la CNV (l’intention de la CNV étant de privilégier le lien au résultat).
Je tiens aussi à préciser que tout ce que je décris ci-dessous est mon rêve vers lequel je souhaite tendre le plus souvent possible, et que parfois, je n’ai juste pas les moyens de vivre ce rêve (fatigue, stress, besoin d’empathie). Autrement dit je suis une maman humaine normale.
Être consciente de mes sentiments et besoins et en prendre la responsabilité
Tant que faire se peut (la devise de tout parent !), je prends la responsabilité de mes sentiments en lien avec mes besoins. Je dirais par exemple « Je suis fatiguée (sentiment S) car j’ai besoin de me reposer (besoin B). » Et pas « Tu me fatigues ! ».
Nommer ce que fait mon enfant qui me dérange ou me réjouit
Je ne mets pas d’étiquette à mon fils (ça colle) : je lui parle seulement de ses actes et de l’impact qu’ils ont sur moi, qu’il soit positif ou négatif. Lorsqu’il fait quelque chose qui ne me convient pas, j’essaie dans un premier temps de comprendre l’intention qui est derrière l’acte, et lequel de ses besoins il essaie de nourrir (bouger, jouer, partager, rire…). J’essaie dans un second temps de poser MES limites, et non pas de LUI poser des limites.
Par exemple, quand j’ai appris qu’il avait tapé un enfant en classe, je ne lui ai pas dit « Tu es méchant ! » ou même « C’est méchant ce que tu as fait ! ». J’ai essayé dans un premier temps de comprendre ce qu’il s’était passé pour lui dans une écoute empathique. Je lui ai demandé comment il s’était senti quand il a tapé l’autre et je n’ai pas jugé sa réponse lorsqu’il m’a répondu : « Content ! » (même si j’avoue avoir été un peu surprise et amusée). Puis je lui ai partagé comment moi je me suis sentie lorsque j’ai appris qu’il avait tapé un autre enfant :
« Eh bien moi, je suis inquiète pour toi (S), car je me dis que tu devais vraiment être énervé et que tu n’as pas trouvé d’autre moyen de l’exprimer. Je suis aussi inquiète pour l’autre enfant (S), car je me dis que c’est plus doux pour les autres et pour toi-même (B) quand tu joues et partage avec eux. Qu’en dis-tu la prochaine fois d’essayer de dire les choses à l’autre avec des mots, et si ce n’est pas possible, d’aller voir un adulte pour qu’il t’aide ? » (Oui mon enfant de 3 ans est tellement formidable qu’il comprend cette longue phrase, huhuhu !! )
Au bout de quelques temps et de plusieurs échanges de la sorte, j’ai vu son comportement évoluer. Ainsi, il rentre parfois le soir tout fier de lui en disant « Je n’ai tapé personne aujourd’hui ! Pas de dispute, pas de bagarre ! ».
Accueillir les sentiments de mon enfant, entendre ses besoins, respecter ses sensations corporelles
Je ne dirais jamais à mon fils qu’il pleure ou qu’il s’énerve pour rien. Si j’en ai les moyens, j’accueille son sentiment, que ce soit de la tristesse, de la colère, de la joie, ou autre. Parfois, je vois aussi qu’il est juste épuisé nerveusement et qu’il a besoin que ça sorte.
Par ailleurs, j’essaie aussi d’être à l’écoute de ses sensations corporelles, et lui montre que j’ai confiance en elles. Qu’il s’agisse de douleur, de chaud/de froid, de faim/de satiété, j’essaie de toujours respecter et d’entendre ce qu’il me partage. Pour le moment, il y a deux exceptions qui sont le sommeil et la soif, qu’il semble parfois ne pas ressentir.
Savoir reconnaître mes erreurs
Comme je vous le disais plus haut, je suis une maman humaine normale, c’est-à-dire qu’il m’arrive de crier, de m’impatienter, d’être brusque, ou d’avoir des mots durs pour mon fils. Pour moi, c’est important quand je vois que mon comportement n’a pas été à la hauteur de mon rêve, de revenir vers mon fils pour m’excuser. Je lui explique alors pourquoi j’ai réagit comme ça, quel était mon besoin à ce moment-là et lui dis pourquoi je regrette. Pour moi, c’est important qu’il voie qu’on a tous droit à l’erreur.
A partir de quel âge je peux utiliser la CNV avec mon enfant ?
Bon, je ne vous cache pas qu’à partir du moment où le langage est acquis, il est beaucoup plus facile de pratiquer la CNV avec son enfant. L’âge de l’acquisition du langage dépendant de chaque enfant, je ne donnerais pas d’âge particulier.
Néanmoins, la CNV peut servir dès la naissance de l’enfant. Elle est dans la posture de l’adulte, dans la conscience des sentiments et besoins de chacun, dans la présence à son bébé, dans son écoute, même si en tant qu’adulte il est parfois bien difficile de comprendre ce que vit son nourrisson.
Lors du prochain post de blog qui traitera de ce sujet, je vous exposerais ce que la CNV apporte à mon fils, ainsi que les limites que j’y vois avec mon enfant. A suivre !…
Et vous, que vous inspire cet article ? Qu’est-ce qui vous parle, qu’est-ce qui vous ne parle pas ? Y a-t-il des témoignages de parents qui essaient de vivre la CNV avec leur enfant ?
C’est génial ce que tu construis avec ton enfant ! Je ne me souvenais pas que tu avais reçu des claques étant petite…… c’est sûr que c’est à éviter! Ce qui marche vraiment c’est la torture, c’est bien connu ! 🤣🤣( je blague bien sûr !).